02. Actualité marché

Analyse et perspectives du secteur Transport

Durement affecté par la crise du coronavirus, le transport routier vit des moments difficiles.

En plein pic de l’épidémie en Avril dernier, la FNTR (Fédération Nationale des Transports Routiers) recensait 57% d’entreprises en arrêt partiel et 27% en arrêt total avec de fortes disparités selon le domaine d’activité. Le domaine de l’alimentaire et de la réfrigération, vital pour l’approvisionnement des enseignes de grande distribution, ont peu été touchés (autour des 20%) tandis que le BTP ou l’automobile, du fait d’une activité qui s’est effondrée, se sont immobilisés avec 90% des camions à l’arrêt.

Les transporteurs ont également subi d’importants surcoûts : le coût des retours à vide a gagné plus de 15% au kilomètre (CNR), le nombre d’heures supplémentaires liées à l’extension des temps de conduite et du travail le dimanche et les jours fériés a explosé et l’achat de produits sanitaires et de protections a participé à l’augmentation des charges. De ce fait et du fait également de la perte de productivité globale, les chiffres d’affaires se sont affaissés de 48% en mars et 44% en avril en moyenne (FNTR). La baisse du prix du gazole lié à l’atonie économique et à l’effondrement du prix du baril est la seule bonne nouvelle du moment bien qu’anecdotique au vu de sa maigre diminution.

Déclaré secteur prioritaire, le secteur a reçu un soutien de l’État pour garder à flot la trésorerie des entreprises. Le gouvernement a accordé près de 400 millions d’euros d’aides fiscales de l’État. Ces allégements portent sur la TSR (taxe sur les véhicules routiers), repoussée de trois mois, et sur le remboursement de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) qui sera effectué exceptionnellement tous les trimestres. Cette dernière était à l’origine d’un vent de contestation fin 2019 lorsque le gouvernement a décidé dans le cadre de la loi Finances 2020 de réduire de deux centimes du litre son remboursement, impactant directement la compétitivité des transporteurs français. Des mouvements sociaux avaient paralysé certaines métropoles et certains grands centres logistiques, à l’image des ports du Havre et de Fos-Marseille. Cette crise longue de plusieurs mois a contribué à la fragilisation du secteur.

Malgré le déconfinement, selon la FNTR aujourd’hui, 60% des entreprises sont toujours en arrêt partiel ou total et près de 21% des camions sont à l’arrêt complet. Les organisations syndicales du transport routier demandent l’allongement du dispositif de chômage partiel au secteur du transport et, à l’échelle européenne, la suspension du cabotage, sujet débattu depuis quelques années par la Commission Européenne dans le cadre du Pacte Mobilité. L’objectif est autant de réduire les déséquilibres d’un marché désorganisé que d’éviter une nouvelle crise sociale qui viendrait asséner un second coup aux compagnies elles-mêmes et à la fiabilité du marché français.

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