Alors qu’il se relève doucement de la première vague de l’épidémie de la Covid-19, le secteur du transport de marchandises fait face à la deuxième vague de la Covid-19. Point sur la situation.
Un climat incertain …
Après avoir vu son chiffre d’affaires chuter en moyenne de 27% sur le deuxième trimestre 2020, le secteur du transport a retrouvé en septembre son niveau d’avant crise (Comité National Routier, CNR). Selon la Banque de France, l’activité globale se repliera légèrement en cette fin d’année 2020 en raison des conséquences du confinement sur le secteur des services. Le gouvernement ayant fait le choix de favoriser une continuité d’activité, ce deuxième confinement impactera moins l’activité au global.
Certains chiffres, cependant, ne trompent pas. Le moral des chefs d’entreprise du secteur n’a jamais été aussi bas depuis 2008 selon l’enquête de conjoncture pour le 3ème trimestre 2020 de la FNTR (Fédération Nationale des Transports Routier). Pour le CNR,« l’incertitude sur la période de fin d’année pourrait se traduire par des effets dépressifs importants ». Incertitude confirmée par Jean-Thomas Schimitt, chef d’entreprise du transporteur Heppner, dans une interview donnée aux Echos: « On ne sait pas du tout comment va évoluer notre activité dans la mesure où des commerces maintiennent du click & collect et les rayons culturels d’autres doivent fermer. C’est une nouvelle forme de confinement ».
Cette crise de confiance des acteurs associée à l’inflation du coût de revient (hors gazole), évalué à +6.8% par le CNR, assombrit les perspectives. Pour exemple, les investissements en véhicules lourds (16t et plus) se sont affaissés de plus de 35% sur la période janvier à fin août à année comparable. L’IRU, Union Internationale des Transports Routiers, estime les pertes au niveau européen pour les transporteurs de marchandises à 125 milliards de dollars et à 94 milliards de dollars pour les sociétés de transport de passager, et craint une vague de faillite à l’horizon 2021.
… qui sonne l’heure de la relance
Cette crise de Covid-19 reste néanmoins l’occasion d’accélérer les mutations en cours. L’Union Européenne est récemment parvenue à un accord historique. Le plan de relance de 750 milliards d’euros vise à relancer l’économie du continent via deux axes principaux : la digitalisation et la réponse aux enjeux du réchauffement climatique.
Les acteurs du TRM sont nombreux à développer de nouveaux services digitaux dans une logique d’optimisation et de flexibilité pour faire face à ce climat d’incertitude. XPO Logistics, par exemple, a récemment mis en place un portail cloud collaboratif d’échange d’informations entre ses clients expéditeurs et ses prestataires de transport. Les start-ups se multiplient également dans le domaine : Frelink, Sennder ou en Chronotruck proposent des solutions innovantes aux transporteurs dans cette logique de rationalisation des flux.
Ces nouveaux moyens technologiques répondent également à l’objectif final de décarbonation du secteur. Déjà au coeur des préoccupations de la chaîne logistique avant la crise, elle passe principalement par le développement des énergies renouvelables. Toute la question porte aujourd’hui sur une stratégie claire entre ces différentes énergies, que sont l’électricité, l’hydrogène ou encore le GNV et le bio-GNV. Des initiatives sont lancées via France Logistique notamment pour organiser ce plan et guider le secteur dans sa transformation.
L’enjeu est double : surmonter cette crise sanitaire et pousser les entreprises vers une mobilité propre.
Sources :