Alors que la pandémie du SARS-CoV-2 perdure, le secteur du Transport Routier de Marchandises (TRM) a globalement encaissé les conséquences de cette crise. Mais à quel prix ?
Des conséquences diverses mais durables
En ce début d’année 2021, le CNR (Comité National Routier), dans son enquête mensuelle sur l’impact de la crise Covid, confirme une perte d’activité record de plus de 8% du CA en janvier 2021(en glissement annuel). Le marché dans sa globalité a vu ses volumes de marchandises chuter de 18% en 2020 par rapport à 2019. Selon l’OPTL, Observatoire Prospectif des métiers et des qualifications dans les Transports et la Logistique, l’impact sur l’emploi a été immédiat : le nombre de salariés dans la branche des transports et de la logistique s’est contracté de 0,5% coupant la dynamique des années précédentes (+3,5% en 2018 ; +2,6% en 2019).
Le CNR insiste sur les conséquences variables de cette crise suivant l’activité des transporteurs (longue distance ou régional). La FNTR, dans son enquête relative à l’impact de la crise sur les entreprises du transport routier de marchandises de Décembre 2020, confirme cette différence d’impact. Selon elle, les trois secteurs les plus touchés sont les transports de matières dangereuses, de véhicules et le transport en température dirigée, ajoutant également des disparités selon les régions : 56% des chefs d’entreprises présents dans les Pays de la Loire enregistrent une stabilité de leur activité alors que 76% en Ile de France constatent une baisse. Selon un baromètre tenu par Upply, une place de marché dédiée au transport de fret et à la supply chain, elle a surtout impacté les TPME du secteur. Le constat est simple bien qu’accablant : la baisse d’activité, la réduction du chiffre d’affaire et la hausse des coûts assèchent les trésoreries des petits transporteurs.
L’INSEE prévoit des baisses successives de volume de marchandises de 13% puis 11% au premier et deuxième trimestre mais reste optimiste sur une conjoncture à +7% en fin d’année, poussée par l’explosion du e-commerce.
Vers une décarbonation du fret de marchandises
Cette situation économique complexifie la transformation du secteur Transport vers une décarbonation de l’activité. En France, les nouvelles réglementations favorisent l’essor d’une mobilité vertueuse. La loi d’orientation des mobilités, dite loi LOM, de 2019 prévoit déjà l’obligation pour les entreprises de renouveler leurs flottes de véhicules légers par des véhicules à faibles émissions de CO2 à hauteur de 50% à horizon 2030. Le gouvernement alloue plus de 13 milliards d’euros d’ici à 2022 pour investir dans les infrastructures de transport bien que les ¾ soient réservés au secteur ferroviaire, concurrençant directement le transport routier.
Certaines propositions du projet de Loi Climat portent également sur le Transport de marchandises. La loi acte sur la réduction progressive de l’avantage fiscal sur la TICPE à horizon 2030 avec à la clé une hausse du prix du litre de gazole de 15%. L’enquête d’impact est déjà établie et annonce une augmentation de +3,4% sur le coût du transport entraînant les revendications des organisations professionnelles du secteur déplorant une mesure contreproductive. L’écotaxe sur les camions de marchandises est également remise à l’ordre du jour. L’exécutif souhaite néanmoins éviter la reconduite de l’échec de 2014 et laisse le soin aux régions de trancher sur sa mise en place.
Toute la question sera de savoir comment les transporteurs pourront investir en faveur de la transition écologique dans cette période économique difficile.
Sources :