L’année 2021 a été marquée par l’allongement des délais de livraison des véhicules et la pénurie de chauffeurs. Après un net rebond au premier semestre, le marché du poids lourd a été fortement perturbé par le dérèglement des chaînes de production.
2022, s’annonce comme une année incertaine pour le marché du poids lourd.
En fin d’année, L’Observatoire du véhicule industriel (OVI) a dressé un bilan très contrasté. Les immatriculations se sont élevées à 44 100 unités à novembre 2021. Le secteur affiche ainsi un niveau inférieur de 20% à l’exercice de référence, pré-Covid, en 2019.
Au premier semestre, les aides de l’Etat ont soutenu le marché du transport mais cette impulsion a été stoppée par trois facteurs.
Les livraisons de véhicules par les constructeurs et les carrossiers ont été allongées en raison des pénuries de semi-conducteurs et de matières premières. Les délais de livraison étaient déjà très longs auparavant avec plus de 200 jours en moyenne en juin dernier et sont passés à 340 jours 6 mois après.
Ensuite, les différentes vagues de COVID ont eu un impact négatif sur le retour à la consommation.
Enfin, on observe une pénurie de chauffeurs au niveau européen qui risque de s’accentuer avec l’adoption prochaine par l’Union Européenne du Paquet Mobilité. Ce règlement vise à renforcer et à durcir les contrôles sur les véhicules de transport.
« Ces tensions ont engendré un déséquilibre de l’offre et des incertitudes en termes de délai de livraison et de prix, a déclaré Jean-Michel Mercier, directeur de l’OVI, lors d’une conférence de presse. Le marché du VI a été largement impacté et il conviendra de s’adapter à un marché déstructuré en 2021 et qui devrait le rester en 2022. »
Entre 45 et 50 000 immatriculations pour 2022
Dans cette conjoncture plus qu’incertaine, l’Observatoire peine à estimer l’évolution du marché pour les prochains mois.
« Outre les impacts d’une situation sanitaire imprévisible, il faut aussi tenir compte de l’élection présidentielle », rappelle Jean-Michel Mercier, qui pointe également du doigt les conséquences de la transition énergétique.
2022, vers des énergies alternatives écoresponsables
Avec le développement de nouvelles énergies plus vertueuses, comme l’électrique, le GNV ou l’hydrogène, le transport par poids lourd évolue vers un modèle davantage écoresponsable.
L’une des pistes privilégiées pour limiter l’impact écologique des camions qui circulent sur nos routes est le recours à l’électrique.
Selon l’ONG européenne Transport & Environnement, pour que la France puisse atteindre ses objectifs de décarbonation du transport, il faut que les camions fonctionnant à l’électrique représentent une part significative des ventes – soit 30 % sur le segment des moins de 26 tonnes et 15 % pour les plus de 26 tonnes. Les constructeurs de poids lourds l’ont bien compris et se sont engagés dans une véritable course contre la montre pour développer des modèles fonctionnant à l’électrique. Volvo, Renault Trucks, Tesla, Mercedes-Benz, SCANIA… les principaux acteurs du marché ont déjà lancé des prototypes ou des véhicules de série.
L’hydrogène et le BioGNV s’invitent sur le marché des poids lourds
Autre énergie en développement pour le transport de marchandises, l’hydrogène qui a l’avantage de ne pas dégager d’émissions nocives. Si la question de l’autonomie des véhicules se pose, les constructeurs ont fait d’importants progrès, à l’image du groupe américain Nikola Motor qui planche sur des camions à hydrogène capables de parcourir plus de 1 000 kilomètres et que l’on devrait croiser sur les routes européennes en 2022. En France, Michelin s’est associé avec l’équipementier Faurecia pour lancer Symbio, une entreprise spécialisée dans les piles à combustibles. Hyundai a, pour sa part, décidé d’investir six milliards de dollars d’ici 2025 pour perfectionner des moteurs à hydrogène affichant également une autonomie de plus de 1 000 kilomètres et permettant de « faire le plein » en une quinzaine de minutes, tandis que Daimler a signé un partenariat avec TotalEnergies pour réduire le TCO des camions hydrogène.
De même, le BioGNV, c’est à dire du GNV (Gaz Naturel Véhicule) obtenu à partir de déchets organiques, s’installe peu à peu dans l’univers du transport poids lourds. De 30 à 40 % moins cher que le diesel, ce carburant permet de réduire fortement les émissions de CO2, sans réduire pour autant l’autonomie des véhicules, critère essentiel pour les professionnels. TotalEnergies après avoir racheté le français Fonroche (leader du marché dans la production de gaz renouvelable) en 2021 vient de signer un accord avec Veolia pour développer cette énergie au niveau mondial.
Un camion électrique au salon Solutrans, le 16 novembre 2021, à Chassieu, près de Lyon (Rhône). (RICHARD MOUILLAUD / MAXPPP)
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